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AstronomieL'espace

Voyager 1 : un miracle technologique à 25 milliards de kilomètres

Une mission légendaire débutée en 1977

C’est le 5 septembre 1977 que la NASA a mis en orbite la sonde Voyager 1, voire qu’elle a, dans ce cas, concocté une légende à l’aune de l’exploration spatiale. La sonde qui a pour mission d’étudier les planètes extérieures du système solaire que sont Jupiter et Saturne a obtenu bien plus qu’une notoriété sans pareille : en 2012, elle sera le premier engin humain à entrer dans l’espace interstellaire. Aujourd’hui, à plus de 25 milliards de kilomètres de la Terre, Voyager 1 reste l’objet fabriqué par l’humanité le plus éloigné, défiant le temps et les contraintes technologiques. Mais en 2023, une panne grave a menacé de mettre fin à cette mission historique. Comment la NASA a-t-elle réussi à sauver cette sonde à une distance aussi colossale ?

1-Une panne critique à 24 milliards de kilomètres

Fin 2023, Voyager 1 a cessé d’envoyer des données exploitables, un problème qualifié de « grave » par la NASA. À plus de 24 milliards de kilomètres, les ingénieurs ont identifié une corruption dans 3 % de la mémoire du sous-système de données de vol (FDS), un ordinateur essentiel pour collecter et transmettre les données scientifiques et techniques. Cette panne a transformé les signaux en un flux de données incohérent, rendant la sonde muette. La distance rendait toute intervention physique impossible, et chaque communication prenait 44 heures (22 heures aller, 22 heures retour) en raison de la vitesse de la lumière. Malgré ces défis, les équipes du Jet Propulsion Laboratory (JPL) ont relevé un défi technologique sans précédent.

2-Un diagnostic à distance : une prouesse d’ingéniosité

Mars 2024 était un mois plein d’espoir car les ingénieurs signalent avoir trouvé le problème, à savoir une défaillance dune puce mémoire du FDS. Comme la NASA ne pouvait envoyer un technicien sur place, elle a choisi de développer une solution alliant matériel et logiciel. En avril 2024, après plusieurs semaines de travail, la NASA a expédié un correctif informatique à une distance record de 24 milliards de kilomètres, soit 18 milliards de milles, pour résoudre le problème, un « patch » permettant de contourner la mémoire défaillante rendant à nouveau le FDS opérationnel. Pour la première fois depuis novembre 2023, les 22 avril 2024, Voyager 1 a transmis de la télémétrie exploitable confirmant sa pleine opérationnalité.

3-Un miracle en 2025 : réactivation des propulseurs

En mai 2025, la NASA a accompli un autre exploit : réactiver les propulseurs primaires de Voyager 1, hors service depuis 2004 et jugés irréparables. Ces moteurs, cruciaux pour orienter l’antenne vers la Terre, avaient été remplacés par des propulseurs secondaires, mais ceux-ci montraient des signes d’usure. Les réchauffeurs des propulseurs des blocs propulseurs primaires ont été rallumés dans le cadre d’une manœuvre risquée évitant une possible explosion dans l’espace et cette opération a prolongé la possibilité de maintien d’une communication stable, maximisant ainsi les chances d’utiliser la sonde jusqu’en 2030 pour effectuer des collectes de données.

4-Explorer l’inconnu : le milieu interstellaire

Voyager 1 est bien plus qu’un exploit technique ; c’est un éclaireur dans un territoire inexploré. Depuis qu’elle a franchi l’héliopause en 2012, à environ 18 milliards de kilomètres du Soleil, elle évolue dans le milieu interstellaire, une région composée de plasma et de particules non influencées par le vent solaire. L’appareil nommé PWS (Plasma Wave Subsystem) dont il dispose a enregistré, comme l’appellent les chercheurs, un « bourdonnement » constant, qu’ils qualifient de « pluie douce », dans un bruit « haché » au cours de perturbations causées par les éruptions solaires. Ces données sont de nouvelles fenêtres sur le plasma interstellaire, sur la façon dont nous appréhendons la nature et l’occupation de l’espace au-delà du système solaire.

5-Une leçon d’ingéniosité humaine

Le sauvetage de Voyager 1 est une prouesse d’ingéniosité humaine. À une distance où un signal met 44 heures pour aller-retour, les ingénieurs ont surmonté des contraintes extrêmes : un matériel des années 1970, une mémoire limitée, et une alimentation déclinante. Ce succès reflète la persévérance de la NASA et du JPL, qui continuent de repousser les limites du possible. Comme l’a souligné un post sur X, « la NASA a accompli un miracle technologique » en restaurant une sonde que beaucoup pensaient perdue.

6-L’avenir de Voyager 1 : vers l’infini

Voyager 1 est en voyage à 61 000 km/h, s’éloignant de la Terre. Elle passera, dans environ 40 000 ans, à proximité de Gliese 445, à 17 années-lumière. Bien qu’elle ne pourra plus envoyer de données d’ici là, son Golden Record transmet un message de l’humanité. En attendant, à chaque nouvelle donnée reçue, un peu de l’inconnu est levé, une information sur l’espace interstellaire est révélée. Voyager 1, c’est l’ambition humaine d’explorer l’inconnu, prouvant que l’ingéniosité, même à des milliards de kilomètres, peut l’emporter.

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