Les scientifiques ont découvert que les espèces se regroupent dans les biorégions centrales et se propagent vers l’extérieur, probablement en raison du filtrage environnemental, un modèle qui pourrait éclairer la conservation et la planification climatique.
Une nouvelle étude publiée dans Nature Ecology & Evolution a identifié une règle simple qui semble façonner la manière dont la vie est organisée à travers la planète. Les chercheurs pensent que cette règle aide à expliquer les modèles mondiaux de répartition des espèces et pourrait améliorer notre compréhension de la manière dont les écosystèmes réagissent aux changements environnementaux.
À première vue, la Terre semble être constituée d’environnements très différents, chacun avec ses propres espèces et conditions. Cependant, de nouvelles recherches menées par l’Université d’Umeå révèlent une tendance mondiale sous-jacente. Cette découverte pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre comment la biodiversité s’est développée au fil du temps et comment elle pourrait répondre aux futurs changements mondiaux.
1-Les barrières façonnent des biorégions uniques
La Terre est divisée en grandes régions biogéographiques, appelées biorégions, séparées par des barrières naturelles telles que les océans, les chaînes de montagnes et les climats extrêmes. Ces barrières restreignent le mouvement des espèces, transformant ainsi chaque région en une expérience d’évolution distincte où des groupes uniques d’espèces se sont développés dans des conditions environnementales, des périodes et des influences historiques différentes.
Dans cette étude, des chercheurs d’institutions de Suède, d’Espagne et du Royaume-Uni ont travaillé ensemble pour examiner un large éventail d’espèces dans les biorégions mondiales, notamment les amphibiens, les oiseaux, les libellules, les mammifères, les raies marines, les reptiles et les arbres.
Malgré les différences majeures dans la façon dont ces organismes vivent —certains volent, d’autres rampent, nagent ou restent enracinés— et les divers contextes environnementaux et historiques de chaque biorégion, les chercheurs s’attendaient à ce que les modèles de répartition des espèces diffèrent considérablement. À leur grande surprise, ils ont observé la même tendance constante dans toutes les biorégions.
2-La biodiversité rayonne à partir des noyaux écologiques
“Dans chaque biorégion, il existe toujours une zone centrale où vivent la plupart des espèces. À partir de ce noyau, les espèces s’étendent dans les zones environnantes, mais seul un sous-ensemble parvient à persister. Il semble que ces noyaux offrent des conditions optimales pour la survie et la diversification des espèces, agissant comme une source à partir de laquelle la biodiversité rayonne vers l’extérieur”, explique Rubén Bernardo-Madrid, auteur principal et chercheur à l’Université d’Umeå.
Ces résultats confirment le rôle écologique disproportionné que jouent certaines petites zones dans le maintien de la biodiversité de biorégions entières et leur valeur de conservation.
La recherche identifie également les mécanismes plausibles à l’origine de ce modèle : le filtrage environnemental – le principe selon lequel seules les espèces capables de tolérer les conditions locales, comme la chaleur ou la sécheresse, peuvent survivre et coloniser de nouvelles zones. Bien qu’il s’agisse depuis longtemps d’une théorie centrale en écologie, les preuves empiriques mondiales sont rares. Cette étude fournit une large confirmation dans de multiples branches de la vie et à l’échelle planétaire.
“La prévisibilité du modèle et son association avec les filtres environnementaux peuvent aider à mieux comprendre comment la biodiversité peut réagir au changement global”, explique Joaquín Calatayud, co-auteur de l’Université Rey Juan Carlos.