close

Architecte japonais

L’architecture japonaise se caractérise traditionnellement par des structures en bois, légèrement surélevées, avec des toits de tuiles ou de chaume. Des portes coulissantes  sont fréquemment utilisées comme cloisons, permettant de modifier la configuration d’un espace.

Au Japon comme dans de nombreux autres pays, l’architecture contemporaine reflète une approche globale et moderne des anciens modèles, qui n’a souvent que peu de rapports avec les constructions japonaises traditionnelles.

Un grand nombre de bâtiments qui subsistent aujourd’hui de l’architecture pré-moderne japonaise sont des châteaux, des maisons de thé, des temples bouddhistes et des sanctuaires shinto de style shinden-zukuri.

Mais de nombreuses habitations traditionnelles populaires minka sont bien visibles aussi et préservées aujourd’hui.

 

Architecture traditionnelle:

Caractéristiques:

L’« essence » de l’architecture japonaise:

L’« essence » de l’architecture japonaise ((en) japaneseness) est l’objet de débats sans fin depuis 1955. Pour les uns, c’est l’architecture de style shinden-zukuri, influencée par l’architecture chinoise, aux planchers surélevés et aux espaces libres, correspondant à l’architecture palatiale de l’époque de Heian. Pour les autres, c’est le style minka avec ses types bien distincts les uns des autres, qui se développe au niveau du sol, au contact de la terre, et dont la couverture repose sur de puissantes structures, poteaux et poutres, avec de vastes toits, l’architecture des habitations populaires traditionnelles.

Le bois est très présent dans l’architecture traditionnelle japonaise car il était efficace pour la résistance aux typhons et aux tremblements de terre. Le climat japonais étant humide, en particulier l’été, les planchers des bâtiments sont souvent surélevés et les espaces sont très ouverts pour assurer une bonne ventilation et prévenir l’apparition de moisissures.

La maison traditionnelle japonaise, en bois et papier, est très ouverte sur la nature, avec des hivers où l’on ressent le froid dans la maison, l’odeur de la terre mouillée quand il pleut et l’air qui circule partout en été et donne une certaine sensation de fraîcheur.

Le permanent:

En ce qui concerne la transmission du patrimoine architectural au Japon, l’une des caractéristiques les plus remarquées concerne la reconstruction à l’identique du sanctuaire shinto d’Ise, tous les 23 ans depuis le VIIe siècle. Contrairement à l’idée reçue en Occident, la reconstruction à l’identique, shikinen-zōtai, ne s’appliquait traditionnellement qu’aux grands sanctuaires shinto. Après 1868 avec l’ère Meiji, de fortes contraintes budgétaires ont été imposées aux sanctuaires shinto. Il leur était dorénavant interdit de pratiquer la reconstruction intégrale à côté du précédent, le zōtai. Ils firent, dès lors, comme les temples bouddhistes l’avaient fait auparavant, le démantèlement total ou partiel et la reconstruction après changement ou réparation des pièces défectueuses, procédé qui était autrefois appelé le zuihashūri .

Depuis l’ère Meiji le grand sanctuaire d’Ise est le seul à bénéficier du shikinen-zōtai, la reconstruction intégrale avec des matériaux neufs et à l’identique à côté du précédent. Cette reconstruction fait partie d’un rituel, le shikinen-sengū, ou « transfert du palais divin », au cours duquel les divinités, considérées comme des êtres vivants se voient offrir des repas chaque jour, leurs vêtements étaient régulièrement changés, leur chambre entretenue et, le moment venu, leurs demeures renouvelées. Le renouvellement (intégral ou partiel) de leurs demeures est reconduit cycliquement tous les 23 ans depuis le VIIe siècle. En dehors du sanctuaire d’Ise, environ 150 édifices shinto sont donc reconstruits avec réparations tous les 23 ans, alors que les édifices bouddhiques – dont le pavillon cultuel et la pagode du Hōryū-ji qui datent du VIIe siècle – ne sont démantelés pour être restaurés que tous les 100 voire 300 ans.

Au début de l’ère Meiji, la pratique traditionnelle qui intégrait la reproduction de l’existant fut modifiée par certaines idées empruntées à l’Occident, comme l’idée de retrouver l’état d’origine d’un bâtiment, suivant l’exemple de Viollet-le-Duc. Les excès en furent corrigés en 1901 et répondent, dès lors, aux exigences actuelles des normes occidentales. Le démantèlement de ces édifices et leur reconstruction ou leur réparation a beaucoup fait pour la transmission des savoirs artisanaux

L’impermanent:

La reconstruction des formes architecturales à l’identique à travers les siècles correspond à la permamence des rituels religieux et la légitimation du pouvoir de la famille impériale. À l’inverse, l’impermanence, le côté transitoire se retrouvent dans toute l’architecture japonaise ancienne. Yagasaki Zentarõ évoque ainsi une architecture fondée sur une trame de poteaux, soit menacée de pourrissement soit reposant sur des pierres, et donc déplaçable. Les assemblages de bois particulièrement sophistiqués le permettent. Elle est donc originellement précaire, provisoire et déplaçable. Ceci est particulièrement évident lorsque l’on voit comme les pavillons de thé ont été déplacés au cours des derniers siècles. Cette impermanence est tout aussi évidente lorsque l’on regarde le plan en escalier – comme un vol d’oies sauvages – de la célèbre villa impériale de Katsura. Chaque partie est rejetée à l’arrière de la précédente et offre ainsi des vues variées sur le jardin paysagé. Mais le concepteur, le prince Toshihito (1579-1629) n’édifia qu’une petite résidence. Il ne pouvait imaginer les agrandissements successifs, l’élargissement progressif des toits afin de raccorder les nouveaux bâtiments aux anciens et le beau motif en vol d’oies sauvages. Il ne pouvait pas plus imaginer que cet ensemble serait conservé tel quel et que les générations futures en feraient une œuvre représentative de toute l’architecture japonaise, évolutive.

Architecture moderne:

Le mouvement moderne:

Après 1867, lorsque l’empereur Meiji (Meiji tennō, alias Mutsuhito, 1852-1912) monte sur le trône, les constructeurs japonais sont confrontés aux architectes occidentaux qui œuvrent pour les nouveaux étrangers en résidence. Le gouvernement favorise l’introduction des matériaux étrangers. Des enseignants sont bientôt invités à la nouvelle école d’art technique (Kobu Bijutsu Gakko13, dont Josiah Conder (1852-1920). Dès 1876 son élève, le maître charpentier Tadeishi Seiju, fut l’un des tout premiers à produire de nouvelles formes architecturales où les références à la tradition n’apparaissent plus que sur des détails décoratifs. Itō Chūta suit alors Conder dans une démarche historiciste et effectue de nombreux voyages d’étude (1902-05) en Chine, Inde, Turquie et Grèce. Le Taiwan-jingū (1901) qu’il réalise avec Takeda Goichi conserve cet historicisme tardif qui fusionne alors avec l’Art nouveau dans les années 1910. Au tout début du XXe siècle, l’architecture occidentale est très largement copiée sous la forme du style Beaux-Arts. Il en reste quelques témoins comme la gare de Tokyo (Tōkyō-eki, 1914) et le bâtiment de la Diète nationale (Kokkai, 1920-1936) dans ce style giyōfū .

L’arrivée des technologies modernes donna une nouvelle impulsion à la construction dans l’archipel avec une extension considérable des banlieues. Ce phénomène fut particulièrement envahissant à Tokyo dès les années 1920-30, lié au développement du transport des passagers par le train. Les compagnies ferroviaires étaient aussi celles qui construisaient, ce qui a entrainé rapidement un étalement urbain spectaculaire et précoce.

Le modernisme en architecture touche cette génération d’architectes dont Yasui Takeo (1884-1955), qui pratique d’abord l’Art nouveau, puis qui dessine l’Osaka Gas Building construit en 1930 dans un style typiquement moderniste. Entre-temps la Sécession viennoise avait reçu un écho enthousiaste dont témoigne Sutemi Horiguchi (1895-1984). Ces architectes étaient soutenus dans leur ferveur par l’exemple de Frank Lloyd Wright et sa réalisation de l’Hôtel impérial en 1923. Horiguchi, sécessionniste-expressionniste fusionne ainsi le style traditionnel sukiya-zukuri et l’architecture moderniste dès 1925.

La nécessité de reconstruire le Japon après la Seconde Guerre mondiale donna une forte impulsion à l’architecture japonaise, plaçant ainsi les constructions contemporaines japonaises parmi les plus impressionnantes en termes de technologie et de conception formelle. L’architecte japonais contemporain le plus connu à l’étranger est probablement Kenzō Tange. On lui doit l’ensemble sportif de Yoyogi  des Jeux olympiques de Tōkyō, soulignant un contraste entre l’enchevêtrement des murs et piliers du bâtiment avec les toits raides et réminiscents du tomoe, un antique symbole héraldique et religieux en forme de « yin et yang » à trois branches engendrant des rapports de formes et de mouvements dynamiques.

Avec l’arrivée des techniques de construction occidentales et de nouveaux matériaux de nouvelles structures en béton et en acier furent réalisées en contraste fort avec les modèles architecturaux traditionnels. Le Japon joua un rôle moteur dans la conception des gratte-ciel modernes, du fait de sa connaissance parfaite du principe du porte-à-faux qui permet de soutenir de lourdes charges comme les toits lourds des temples. Frank Lloyd Wright fut fortement influencé par les arrangements spatiaux de l’architecture japonaise et sa façon d’interpénétrer les espaces intérieur et extérieur en créant des ouvertures dans les murs à l’aide de portes coulissantes. À la fin du XXe siècle, cependant, seule l’architecture domestique et religieuse japonaise est régie par ce style commun. Les villes se raidirent avec l’arrivée des gratte-ciel modernes : la vue de l’horizon de Tokyo reflète parfaitement l’assimilation des techniques et formes occidentales modernes dans l’architecture nippone en restant fidèle à la tradition architecturale du pays.

Le réaménagement de l’espace urbain rendu nécessaire à la suite de la dévastation laissée à la fin de la Seconde Guerre mondiale produisit des architectes majeurs tels que Kunio Maekawa et Kenzō Tange. Kunio Maekawa, en tant que disciple de l’architecte franco-suisse mondialement connu, Le Corbusier, engendra des constructions fonctionnelles et modernes dans un style totalement international. Kenzō Tange, qui travailla d’abord pour Kunio Maekawa, soutint lui aussi le concept de modernité fonctionnelle. Tous deux étaient enclins aux idées d’infusion de l’esthétique japonaise à l’intérieur de la rigidité contemporaine des bâtiments, retournant vers les concepts spatiaux et proportions modulaires traditionnelles issus des tatamis . Ils employèrent différents matériaux et textures afin d’égayer l’omniprésence morne du béton armé et de l’acier, intégrant notamment des jardins et des sculptures à leurs constructions.

Tange employa le principe du porte-à-faux dans un système de piliers et de poutres hérités des anciens palais impériaux ; le pilier — un élément traditionnel des constructions de bois japonaises — devint un élément fondamental dans ses conceptions. Fumihiko Maki avança de nouvelles idées d’urbanisation avec ses idées basées sur le principe du cocooning autour d’un espace intérieur (oku), un concept spatial japonais adapté aux besoins urbains. Il préconisa également l’usage d’espaces ouverts (ma), se référant ainsi à l’esthétique japonaise héritée des idées bouddhistes. Cette esthétique typiquement japonaise se retrouve dans l’ensemble des conceptions de Maki, comme la mise en avant d’ouvertures sur d’intimes jardins japonais proches du niveau du sol, éludant ainsi les horizons dissonants. Le concept architectural dominant des années 1970, le « métabolisme » de la convertibilité, qui permet de modifier l’utilisation des espaces en les adaptant aux besoins du moment, est fortement présent dans l’ensemble des constructions modernes du pays.

Arata Isozaki fut un architecte important des années 1970 et 1980, à l’origine étudiant et collaborateur de Tange, il s’inspira également du travail de Le Corbusier en focalisant son attention sur les motifs géométriques et les formes cubiques. Il synthétisa les concepts issus de la technologie des constructions occidentales, en ajoutant, un agencement fonctionnel et des idées esthétiques singulièrement japonaises, dans le but de créer un style japonais moderne. La prédilection d’Isozaki pour le style cubique et la pergola dans ses constructions de grande échelle, pour les voûtes semi-circulaires dans ses bâtiments domestiques, et pour les voûtes disposées en berceau dans ses constructions ovoïdes engendrèrent un nombre remarquable de variations de styles et de formes saisissantes. Les architectes de la nouvelle vague des années 1980 ont été influencés par ces conceptions, prolongeant le modèle équilibré d’Arata Isozaki, souvent par mimétisme, parfois, en allant à l’encontre de celles-ci.

Plusieurs groupes expérimentaux d’avant-garde furent entourés par la nouvelle vague à la fin des années 1970 et durant les années 1980. Ils réexaminèrent et modifièrent les constructions de formes géométriques du modernisme en introduisant des concepts métaphysiques, produisant quelques effets à l’imaginaire surprenant. Par contraste avec les innovations de ces avant-gardistes et leur modernisme à la structure rigide, le minimalisme poétique et expérimental de Tadao Andō incarna le postmodernisme : une approche plus équilibrée et humaniste de l’architecture.

Les bâtiments de Tadao Ando étaient pourvus de sources lumineuses variées, issues entre autres de l’utilisation importante de briques de verre et d’espaces ouverts sur le milieu extérieur. Il adapta les cours intérieures des maisons traditionnelles d’Osaka à la nouvelle architecture urbaine, en utilisant des escaliers et des ponts ajourés afin de diminuer l’atmosphère exiguë des logements citadins habituels. Ses idées se répandirent dans les années 1980, quand des bâtiments furent plus généralement placés autour de cours ou de places ouvertes, le plus souvent avec des terrasses disposées en étages, de caillebotis piétonniers, ou de ponts reliant des complexes de bâtiment. En 1989, Tadao Ando devint le troisième Japonais à recevoir le prix de l’Académie française d’architecture, une indication de la renommée internationale des architectes japonais, et beaucoup d’entre eux firent construire des bâtiments importants à l’étranger pendant les années 1980. Les architectes japonais furent reconnus comme n’étant pas seulement d’habiles praticiens du modernisme, mais aussi comme des enrichisseurs du postmodernisme avec des innovations dans les perceptions de l’espace, une texturisation des environnements extérieurs subtile, une utilisation peu commune des matériaux industriels, et une conscience développée des problèmes écologiques et topographiques.

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.

Sciences et Technologies