-Dans le contexte du solaire photovoltaïque, l’Europe se trouve actuellement dans la première phase, celle du solaire 1.0, caractérisée par des contrats rigides au potentiel limité et confrontée au défi mettant aux prises capacité du réseau et production solaire, sans oublier une pénétration limitée à 15 à 20 % du total des capacités de production, agitée par le débat constant autour des questions de distribution.
-Au cours de la phase suivante, dite 2.0, l’utilisation de systèmes avancés de contrôle des centrales électriques permettra de gérer la production d’une centrale solaire de façon stratégique pour créer des réserves tournantes et d’autres services auxiliaires au réseau. Alors que le marché de l’énergie évolue vers l’adoption de contrats de fourniture d’énergie et de capacité, le solaire photovoltaïque peut également fournir des services à même de garantir la fiabilité du réseau et le type de flexibilité que les gestionnaires de celui-ci affectionnent tout particulièrement, sans oublier d’augmenter la capacité de pénétration à environ 40 %.
-Le solaire 3.0 verra l’avènement d’une énergie solaire non-intermittente grâce aux nouveaux moyens de stockage et aux techniques de mobilisation différées de l’énergie, aboutissant ainsi à une capacité de fourniture constante. Avec un taux de pénétration de près de 80 %, l’énergie solaire se placera au même niveau que les générateurs conventionnels, et offrira à l’UE une réponse de fond à des ambitions climatiques de plus long terme.
-Parallèlement au développement du solaire 3.0, l’Europe doit repenser son approche quant à l’ampleur de ses projets de centrales solaires au sol à grande échelle. Les limitations actuelles sont en effet tout bonnement contreproductives, et forcent l’Europe à passer à côté d’économies d’échelle.
-Enfin, un « Green Deal » entièrement orienté vers l’avenir reconnaitra également la nécessité pour l’Europe — conformément à ses objectifs en matière d’économie de la connaissance — de capitaliser sur ses points forts et de favoriser l’innovation dans toute la chaîne de valeur plutôt que de tenter de protéger ou de relancer ses aspirations industrielles dans un contexte non compétitif.
-Débarrassée de la tentation de rivaliser dans la fabrication d’un produit non différencié tel qu’un panneau à base de silicone cristallin, l’Europe pourrait, par exemple, concentrer ses efforts sur les écosystèmes et le développement des technologies de nouvelle génération solaire 3.0 qui définiront le paysage énergétique du futur, et ce non seulement à domicile mais aussi dans le monde entier.
-S’il n’est pas réaliste d’espérer que l’année à venir verra l’avènement de cette ambitieuse vision dans son intégralité, il est aujourd’hui absolument vital de commencer quelque part. Citons à cet égard les propos de Nicolas Hulot lors du « One Planet Summit » de Paris en décembre dernier. Invité à commenter les débats au sujet des investissements privés en faveur des énergies renouvelables, le Ministre français de la Transition écologique et solidaire en charge de l’Énergie avait alors affirmé : « Il y a quelques années, personne n’aurait pu imaginer cette métamorphose des entreprises en faveur du climat. Parfois, il faut un peu de temps pour accorder nos violons. »